De la phénoménologie existentielle vers une Conscience Réelle

Sommaire :

Introduction

La conscience humaine se développe d’abord dans l’ombre d’elle-même. Elle naît enchâssée dans une trame de perceptions, d’émotions, de pensées, qu’elle prend pour elle. Ce que l’on nomme communément « conscience » n’est bien souvent qu’un théâtre intérieur où défilent des formes issues de la mémoire, des conditionnements, des influences collectives. Ainsi, toute tentative de compréhension de soi s’ancre d’abord dans un champ phénoménologique, c’est-à-dire dans l’expérience vécue, interprétée, soumise aux limites de la subjectivité.

Pourtant, une autre couche se dessine en filigrane. Une conscience plus stable, moins tributaire des fluctuations psychiques, commence à émerger à mesure que l’individu apprend à lire au travers des formes et non à travers ses affects. Cette conscience là ne se contente plus de vivre les phénomènes : elle les éclaire, les pénètre, les transmute. Elle devient ce que nous appellerons ici conscience réelle. Non pas une conscience idéalisée, mais une conscience informée, capable d’accueillir l’intelligence de l’esprit sans la déformer.

Ce texte propose d’explorer le chemin qui mène de la phénoménologie existentielle où l’être cherche un sens à son vécu, vers cette conscience réelle, qui ne cherche plus, mais voit. Ce chemin passe par une étape intermédiaire, encore trop méconnue : celle du double, ce moi énergétique en gestation, façonné par la résolution progressive des mémoires astrales. C’est lui qui rend possible le retournement de la conscience sur elle-même, jusqu’à ce qu’elle découvre qu’elle a toujours été, en essence, esprit.

1. Un ego en quête de sens

Toute conscience incarnée commence par se percevoir au travers du monde. Ce qu’elle voit d’elle-même, elle le voit dans le miroir de l’événement, de l’émotion, du souvenir. L’ego, premier point de fixation de cette conscience, se forme au contact de la mémoire. Il en résulte une conscience fragmentée, en perpétuelle quête d’unité, sans savoir exactement ce qu’elle cherche.

C’est ça qu’on nomme ici phénoménologie existentielle : un rapport au réel fondé sur le ressenti, l’interprétation et la mémoire. L’individu ne vit pas directement le réel, il le traduit en fonction des filtres égrégores auxquels il est lié. Chaque pensée, chaque émotion, chaque intuition est colorée par une accumulation invisible de formes anciennes, de charges non résolues. L’ego croit penser, mais il est souvent pensé par ces formes.

La quête de sens devient alors un labyrinthe. L’individu cherche des réponses dans ce qu’il ressent, dans ce qu’il comprend intellectuellement, dans ce qu’il croit voir en lui. Mais ces réponses restent partielles, car elles émergent d’une conscience encore enfermée dans la structure qu’elle tente de comprendre. C’est comme vouloir voir l’eau en observant seulement le vase.

Cette situation, bien qu’insatisfaisante, est une étape nécessaire. Elle marque le début d’un processus de friction intérieure : l’ego vit des événements qu’il ne peut résoudre avec ses seuls outils. Il commence à sentir que quelque chose ne colle pas, que le vécu ne suffit plus à justifier le vécu. C’est là que naît l’amorce d’un retournement : lorsque le sentiment d’incohérence devient plus fort que le besoin de se rassurer.

L’ego commence alors à soupçonner l’existence d’un point d’appui plus vaste, plus stable, qui ne dépend pas de la mémoire ni du passé. Il n’en a pas encore l’accès, mais il sent que quelque chose en lui l’observe, le dépasse, le contient. Ce point d’appui, ce n’est pas encore l’esprit, mais c’en est l’ombre portée, à travers une forme encore embryonnaire : celle du double.

- Quand l’ego cherche la vérité, que trouve t'il ?

Ce qui caractérise cette première phase du développement de la conscience, c’est la confusion entre vérité et forme stable. L’ego ne sait pas encore reconnaître une vibration, il ne sait manipuler que des contenus. Alors, pour donner un sens à ce qu’il vit, il s’appuie sur ce qu’il connaît : des pensées, des représentations, des croyances. Il se construit un système de lecture du réel à partir de ce qu’il ressent, de ce qu’il a lu, vécu ou hérité. Mais tout cela repose sur des structures mortes, des égrégores anciens auxquels il donne sa vie sans le savoir.

Cette dynamique n’est pas une erreur, elle est une étape pédagogique. L’ego croit découvrir quelque chose de profond lorsqu’il rencontre une forme pensée cohérente, un grand concept, une explication psychologique ou spirituelle raffinée. Mais en réalité, il vient simplement de s’accrocher à une forme qui parle à sa mémoire. Il n’a pas encore vu ce qui l’anime, ce qui vibre derrière.

Tant que l’ego cherche à comprendre en s’identifiant à ses formes intérieures, il reste prisonnier. Il peut affiner son discours, le rendre plus subtil, plus intelligent, mais il ne change pas de niveau de conscience. Il ne fait que réarranger la même pièce, sans jamais voir la lumière qui entre par la fenêtre.

Ce n’est que lorsque ces formes se mettent à se fissurer, lorsque les explications ne suffisent plus, que l’ego commence à entrer en crise. C’est précisément cette crise qui devient fertile : elle pousse la conscience à se détourner du contenu pour commencer à ressentir l’énergie, l’intention non formulée, derrière ce qui se vit. À ce moment-là, quelque chose de nouveau se met en mouvement. Ce n’est plus l’ego qui cherche, c’est le regard qui change.

2. Le double : interface entre mémoire et esprit

À mesure que l’ego se heurte à ses limites interprétatives, un autre pôle commence à émerger : le double. Il ne s’agit pas d’un corps ou d’une entité extérieure, mais d’un moi énergétique en formation, structuré par tout ce que l’ego a réussi à transmuter, c’est-à-dire à vivre sans se perdre dans la forme.

Le double est à la fois mémoire et intelligence, mais d’un autre ordre que la mémoire astrale. Il porte en lui la trace résolue des expériences, c’est-à-dire l’information dépouillée de son affect, la compréhension vibratoire des choses, non plus leur version émotionnelle ou mentale. On pourrait dire qu’il est la mémoire vivante de l’esprit : ce qui a été reconnu comme vrai à travers l’expérience humaine, et qui devient stable sans se figer.

Contrairement à l’ego, le double ne cherche pas à comprendre, il voit. Mais ce regard ne s’impose pas d’un coup : il s’ouvre progressivement, à mesure que l’individu apprend à faire le tri entre ce qui vient de la mémoire collective (les égrégores), et ce qui vient de lui (l’esprit). Ce tri, cette distillation, c’est le début du retour vers une conscience réelle.

Le double, dans cette perspective, n’est pas encore l’esprit, mais il est le seul canal par lequel l’esprit peut commencer à devenir opérant dans l’individu. Il se constitue à partir de tout ce qui a été intégré dans la lucidité, et non simplement vécu dans l’émotion ou pensé dans l’abstraction.

- De l’égrégore figé à la mémoire informée

Les égrégores, qu’ils soient individuels ou collectifs, forment une sorte de brouillard psychique dans lequel l’ego évolue. Ce sont des condensations de mémoire émotionnelle, d’habitudes mentales, de structures anciennes, qui continuent d’agir tant qu’ils ne sont pas résolus. Ils donnent une impression de cohérence, mais il s’agit d’une cohérence fermée : auto-référentielle, basée sur la répétition.

Le double ne peut se constituer qu’à partir de la résolution de ces structures. Résoudre un égrégore ne signifie pas le rejeter, mais en extraire la vibration d’origine : l’énergie qu’il contenait avant qu’elle ne soit figée. Cela suppose que l’ego accepte de traverser la forme sans se confondre avec elle, d’en vivre le noyau sans se laisser capturer par son apparence.

À mesure que ce processus s’intègre, la mémoire cesse d’être un poids. Elle devient un allié de la conscience, un socle sur lequel le double peut s’appuyer pour discerner, orienter, créer. On passe d’une mémoire qui enferme à une mémoire qui soutient — d’un passé qui revient à un passé qui éclaire.

- Quand le double regarde à travers l’ego

Il arrive alors un phénomène étrange, presque imperceptible : des moments de vision claire, sans raisonnement. Ce que l’ego ne comprenait pas hier devient soudain évident. Non pas parce qu’un nouvel argument est apparu, mais parce que quelque chose en soi a changé de regard. C’est le double qui regarde, là où hier seul l’ego tâtonnait.

Ces instants de lucidité marquent un basculement : la conscience n’est plus centrée sur le moi psychologique, elle s’appuie sur une instance plus vaste, plus silencieuse, mais aussi plus tranchante. Le double ne doute pas, il ne discute pas. Il montre. Et ce qu’il montre n’est pas une nouvelle forme, mais une exactitude vibratoire qui correspond parfaitement avec l'énergie de l'individu.

La conscience commence à s’informer d’une autre manière. Non plus par accumulation de données, mais par reconnaissance de ce qui est déjà là, dans une couche plus profonde de soi. Cette reconnaissance, lorsqu’elle se répète et s’ancre, devient un nouveau point d’appui stable et cohérent.

3. Vers une conscience réelle : retour à l’esprit

La construction du double n’est pas une fin en soi. Elle prépare un retournement plus fondamental : le passage de la conscience personnelle à une conscience réelle, c’est-à-dire libérée de l’identification aux formes, mais capable de les utiliser sans s’y perdre. Cette conscience n’est plus centrée sur le devenir, mais sur la reconnaissance de l’être, ici et maintenant.

L’esprit n’est pas un objectif lointain. Il est ce qui alimente tout le processus depuis le départ, mais sans pouvoir encore se reconnaître dans les formes qui l’expriment. Tant que la conscience n’a pas suffisamment intégré d’énergie en lucidité, l’esprit reste un fond silencieux, non encore personnel, voire totalement impersonnel. C’est pourquoi l’ego croit longtemps n’avoir à faire qu’à lui-même, alors qu’il n’est qu’un récepteur temporaire d’une énergie plus vaste qu’il ne sait pas encore lire.

Ce que l’on nomme conscience réelle, ce n’est pas l’esprit pur, mais la conscience de l’esprit dans la forme, une conscience qui a cessé de se prendre pour ses outils, qui voit l’ego comme un relais, le double comme une interface, et le monde comme un terrain d’expression. Elle ne cherche plus à atteindre quelque chose, elle voit ce qui est là, depuis toujours.

- L’esprit ne devient pas, il se révèle

La croyance dans une ascension graduelle vers l’esprit est une étape utile — mais elle finit par se dissoudre. Car à un certain point, la conscience perçoit que l’esprit n’a jamais été absent, simplement non perçu. Ce que l’on croyait devoir construire est en fait déjà là, dans un état d’oubli structuré.

Cette prise de conscience est radicale : l’individu réalise qu’il n’évolue pas pour devenir plus conscient, mais qu’il enlève ce qui empêche la conscience de se voir elle-même. Il ne crée pas l’esprit : il cesse de le recouvrir. Le double, alors, cesse d’être le centre. Il devient une membrane souple, une interface fluide. La conscience se retourne, et découvre qu’elle a toujours été l’esprit en train de se chercher. Et que cette recherche n’était pas une erreur, mais un mécanisme de révélation.

- Vers un moi sans structure ?

C’est ici que la notion d’homme-esprit peut apparaître : un état de conscience où la structure n’est plus nécessaire, mais utilisable. La conscience n’est plus identifiée à un moi énergétique ou psychologique : elle devient volonté consciente, capable de traverser toutes les formes sans s’y enfermer.

À ce stade, l’esprit ne se demande plus s’il est conscient ou non : il agit en tant que conscience. Il n’a plus besoin de filtre, ni de support fixe. Il peut emprunter une structure sans s’y coller, comme on utilise un outil sans se prendre pour lui.

Mais cette liberté ne peut naître que d’un travail préalable : la reconnaissance de tout ce qui n’était pas soi. Tant que la conscience est habitée par des égrégores non résolus, elle reste liée à des structures d’identification. C’est pourquoi la progression vers une conscience réelle passe toujours par la traversée de ses formes, non par leur négation.

4. L’impact d’une conscience réelle dans le monde

La reconnaissance de l’esprit en soi n’est pas un aboutissement figé. Ce n’est pas un point final. C'est un seuil d’entrée. Car une fois que la conscience réelle se stabilise, une autre question surgit, plus vaste, plus dérangeante : qu’est-ce qu’un être conscient de son esprit est censé faire dans un monde encore structuré par l’inconscience ?

Jusqu’ici, tout le mouvement de la conscience visait à sortir des formes mortes, à s’extraire des mémoires, à se libérer des automatismes. Mais une fois libéré, que fait-on de cette liberté ? Quelle fonction a la conscience réelle dans le champ social, relationnel, créatif ? Est-elle destinée à se retirer, à contempler, ou au contraire à intervenir dans la matière pour y injecter une intelligence nouvelle ?

Cette question ouvre une toute autre strate du travail intérieur : celle de l’application consciente. Le rapport au monde change radicalement lorsque l’on ne cherche plus à s’y orienter à partir de ses émotions ou de ses besoins, mais à partir d’une volonté lucide, sans égoïsme, mais sans compromis.

- Ce qui vient : une conscience créatrice dans la matière

Dans cette perspective, la conscience réelle devient une force de structuration vibratoire. Elle n’interagit plus avec le monde comme une conscience en apprentissage, mais comme un nœud d’intelligence autonome, capable de poser des actes, de produire des formes, de dire non, d’affirmer, de détruire même, sans s’enliser dans la dualité morale.

Cela implique un autre rapport au pouvoir, à la création, au lien. L’être réellement conscient n’est plus guidé par le besoin de cohérence sociale ou de reconnaissance personnelle. Il peut œuvrer à des plans qui le dépassent, sans perdre son axe. Il devient, non pas un modèle, mais un point d’appui pour une conscience plus large encore, collective, peut-être, mais non plus grégaire.

Ce qui s’ouvre ici est un chantier. Si l’esprit en l’homme peut se reconnaître, peut-il aussi s’exprimer totalement dans le champ humain ? La matière elle-même peut-elle devenir un support de cette conscience réelle, sans la trahir, sans la limiter ?

Cette question sera le cœur d’une réflexion future : non plus comment sortir des formes, mais comment créer des formes vibratoirement justes, alignées avec ce que l’esprit sait, et non plus avec ce que l’ego veut. Car si la conscience peut se libérer, elle peut aussi incarner, et cette incarnation n’a peut-être pas encore eu lieu à l’échelle humaine.


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